7 nov. 2025
Célébrer l'Église vivante
Invitons chaque chrétien à se purifier personnellement pour contribuer à une Église plus fidèle au projet du Christ.
« Frères, vous êtes une maison que Dieu construit….Mais que chacun prenne garde à la façon dont il contribue à la construction. »
Saint-Paul
Nous célébrons aujourd’hui la dédicace de la Basilique du Latran. On appelle dédicace la célébration de consécration d’une église. Mais ce mot est aussi utilisé pour la fête anniversaire de cette consécration.
Aujourd’hui l’Eglise nous invite à fêter une église bien particulière puisqu’il s’agit la première de toutes les églises d’Occident, première dans l’histoire, elle est érigée en 320 par l’ Empereur Constantin, et première en dignité puisqu’elle est la cathédrale de l’évêque de Rome, le pape. Mais ce n’est pas tant l’édifice que nous célébrons que ce qu’il représente : l’Eglise, l’Eglise universelle.
Dans l’évangile de ce jour nous voyons Jésus faire, si j’ose dire, le ménage au temple de Jérusalem. Il en chasse les marchants, il purifie le temple de ce qui a ces yeux n’a rien à y faire. Peut-être pouvons-nous penser qu’il ne serait pas inutile de faire pareil aujourd’hui dans notre Eglise. Après les scandales, les crises que l’on connaît, il y a sûrement un travail de purification à faire. Les papes successifs s’y sont attelés. Les évêques de France y travaillent toujours.
Le développement de la synodalité voulue par le pape François et continué par le Pape Léon va dans ce sens, et dans sa première exhortation il écrit « Et l’Eglise, si elle veut être celle du Christ, doit être l'Église des Béatitudes, l’Eglise qui fait place aux petits et qui marche pauvre avec les pauvres, le lieu où les pauvres ont une place privilégiée. » Dans les rencontres diverses, les réunions, ou conversations, j'entends que chacun de nous a également des choses qu’il voudrait voir changer dans l’Eglise.
Certains voudraient voir une Église plus engagée socialement, plus courageuse sur les questions de justice, d’autres la voudraient plus spirituelle ; certains la voudraient voir revenir au sens du sacré d’avant Vatican II, d’autres la voir plus ouverte au monde actuel ; certains voudraient y voir la place de la femme plus importante, plus égale de l’homme, d’autres qu’elle défende plus fortement la morale et l’identité catholique de notre pays… Je pourrais continuer encore longtemps ainsi.
Chacun voudrait surtout que l'Église adopte, fasse sienne et soutienne sa propre sensibilité, ce qui lui semble le plus important et la solution aux difficultés actuelles. Et je sens bien qu’il devient de plus en plus difficile de dialoguer calmement de ces sujets entre chrétiens. Les positions se durcissent, chacun défendant son idée sans écouter l’autre.
Je crois qu’il y a là une impasse et je nous invite à réécouter St Paul dans sa première lettre aux Corinthiens : « Frères, vous êtes une maison que Dieu construit….Mais que chacun prenne garde à la façon dont il contribue à la construction. » Je crois que si nous voulons que l’Eglise soit plus belle, plus proche de celle voulu par le Christ, plus ajustée à son projet et donc plus porteuse de son message et plus fidèle à sa mission, il faut que chaque pierre de la construction travaille d’abord à tailler en elle-même tout ce qui n’est pas en fidélité avec l’Evangile, à gratter tout ce qui en nous n’est pas ajusté à l’amour du Seigneur, à corriger tout ce qui défigure la construction. Que chacun de nous, pierre indispensable à la construction de l'Église, se fasse plus proche du projet de Dieu et l’Eglise tout entière sera plus rayonnante de l’amour de Dieu.
Pour conclure je voudrais citer le Cardinal François Bustillo qui a écrit : « Telle est l’Eglise, quand elle est fidèle à son cœur : elle agit dans la gratuité, respecte la liberté des personnes, et cherche le bien de chacun. Elle ne prêche ni le volontarisme desséchant, ni le moralisme culpabilisant, ni le formalisme vide – ces caricatures qui étouffent l’Evangile au lieu de le faire vivre. Une parole toute simple nous a toujours guidées : « Jésus, là où il passait, faisait le bien » AC 10, 38. Et si notre société retrouvait de tels témoins, des hommes et femmes tout simplement bons ? » Que Dieu nous en donne la grâce.
Écrit par Jean-Luc Barrié

